Jany Coolen Debreyer ne voulait pas finir sa vie seule dans sa maison. Pendant plus d’un an, elle a donc travaillé dur pour mettre en place une maison partagée pour les personnes âgées en Gironde. Son rêve s’est réalisé lorsque la sexagénaire a rencontré deux autres femmes intéressées par son nouveau projet. Ces trois femmes retraitées ont trouvé la « maison parfaite » et prévoient d’emménager en septembre.
Ce rêve était le sien et elle vient de le réaliser. Après un an de « persévérance et de recherche acharnée », Jany Coolen Debreyer a réussi à mettre en place une maison partagée avec des personnes âgées en Gironde. « Nous venons de trouver la maison idéale. Nous avons signé les papiers, il ne nous reste plus qu’à emménager », se réjouit cette femme de 68 ans.
« Je ne voulais pas être à la charge de mes enfants ».
Si cette ancienne infirmière à la retraite est si soulagée, c’est qu’elle a dépensé beaucoup d’énergie pour réaliser son projet. Elle a commencé ses recherches il y a plus d’un an. » Finalement, je me suis retrouvée avec une toute petite pension de 1 500 €, raconte-t-elle. Je sais, pour d’autres c’est bien pire… Mais je vis seule dans une maison que je loue et je dépense plus de 750 € par mois pour le loyer. La situation est donc vite compliquée. »
Pour améliorer ses revenus, elle s’est lancée dans la vente de robots de cuisine aux particuliers. Mais la crise de Covid-19 a gâché tous ses projets. « Je suis actuellement malade et en invalidité. Depuis le début de la pandémie, je ne peux plus vendre mes produits à domicile car je dois tout faire pour me protéger du virus. » C’est alors qu’un déclic s’est produit pour elle. Mais pourquoi ne pas vivre avec d’autres personnes âgées ? La dernière chose que je voulais, c’était de continuer à dépendre de mes enfants, même s’ils avaient accepté de m’aider. »
Elle a rencontré ses colocataires sur Facebook
Ainsi motivée, Jany Coolen Debreyer a commencé par trouver plusieurs groupes de colocataires entre seniors sur Facebook. Elle a ensuite décidé de créer son propre groupe : Les pénates du sauternais. Elle a rencontré ses deux futures colocataires, Anne et Catherine. Comme elle, la première est infirmière à la retraite et habite en Ardèche. La seconde est fonctionnaire retraitée et vit dans le Médoc.
« On a beaucoup échangé, on s’appelait régulièrement et le courant est passé très vite entre nous. C’est rassurant car il est difficile de trouver les bonnes personnes ». En leur expliquant son projet, la sexagénaire a posé une condition : trouver une maison en Gironde. « Mon fils vit ici, je vois régulièrement mes petits-enfants, je ne voulais donc pas changer de région. Au contraire, cela n’a posé aucun problème à Anne et Catherine qui ont immédiatement accepté.
Partager les frais, lutter contre la solitude
En septembre, les trois colocataires s’installeront à Sauveterre-de-Guyenne, dans le sud de la Gironde. Elles ont trouvé une grande maison à la campagne. « Nous avons chacun notre chambre, il y a plusieurs salles de bain. La maison est très calme. Nous avons un jardin où nous pouvons avoir des poules », explique Jany Coolen Debreyer. Le loyer de la maison a été fixé à 1 100 euros. « Quand on le divise par trois, ce n’est vraiment pas très cher. C’est un grand avantage de partager une maison. Nous partageons toutes les dépenses. »
Vivre avec d’autres personnes permet aussi de ne pas se sentir seul. Avant Covid-19, en effet, la sexagénaire rencontrait beaucoup de monde et sortait beaucoup, raconte Le Républicain Sud-Gironde, qui avait repéré son initiative. Puis, le pays a été confiné. « Comme je ne pouvais plus vendre de robots de cuisine, je me suis retrouvée seule du jour au lendemain à la maison. Et c’est devenu de plus en plus pesant », confie-t-elle.
Une association pour aider d’autres seniors
Si Jany Coolen Debreyer est rassurée d’avoir réussi son projet, elle est désormais déterminée à aider les autres. » Le fait de partager une maison avec d’autres seniors est quelque chose de tout nouveau, mais ça prend de la vigueur. De nombreuses personnes me contactent sur Facebook pour me faire part de leur intérêt ». Mais pour éviter les « camps d’été », les retraités ne veulent pas qu’une quatrième personne vive avec eux.
Pourtant, Jany Coolen Debreyer ne veut pas abandonner toutes ces personnes qui font appel à elle. Avec Anne et Catherine, elle souhaiterait créer une association. » Notre but serait de les accompagner, leur expliquer ce qu’il faut faire et les mettre en contact avec d’autres personnes. Car les gens n’ont pas cette culture d’aller vers les autres. » Le sexagénaire voudrait également qu’ils puissent comprendre que tout est possible. « C’est une aventure que de se lancer dans un projet comme celui-ci, dit-elle. Mais il ne faut pas abandonner et y croire.